Un Regard Intime sur le Vieillissement et l'Identité
Dans une récente interview, la réalisatrice Sarah Friedland partage les inspirations profondes derrière son film "À feu doux". Le projet est né d'expériences personnelles marquantes, notamment la relation avec sa grand-mère atteinte de démence, et d'une immersion professionnelle auprès d'artistes vieillissants. Friedland explore la complexité de l'identité face à la perte de mémoire et milite contre l'âgisme.
Les Racines de "À Feu Doux"
L'histoire de "À feu doux" trouve son origine dans l'expérience de Sarah Friedland avec sa grand-mère, une éditrice de poésie qui a perdu l'usage de la parole suite à une démence. Friedland a été frappée par le décalage entre la perception de sa famille, qui parlait d'elle comme si elle n'était plus là, et son expressivité physique, qui témoignait d'une présence intacte. Cette dissonance a nourri chez la réalisatrice une réflexion sur la manière dont le langage façonne notre perception de l'identité, surtout face aux troubles cognitifs.
Collaboration et Éthique Cinématographique
Dix ans plus tard, après avoir travaillé comme assistante sur des tournages et auprès d'artistes atteints de troubles de la mémoire, Friedland a développé une nouvelle compréhension du vieillissement et du soin. Elle a initié une collaboration unique avec les résidents d'une maison de retraite, Villa Gardens, transformant le processus de création cinématographique en un atelier d'apprentissage. Cette approche visait à intégrer les talents des résidents et à refléter l'éthique du projet, luttant ainsi contre l'âgisme en valorisant leurs contributions.
Représenter la Vieillesse Autrement
Friedland a souhaité dépeindre les maisons de retraite non pas comme des lieux d'attente de la mort, mais comme des espaces où la vie continue de s'exprimer avec force. Contrairement aux récits de déclin souvent présents dans le cinéma américain, elle a mis l'accent sur la continuité et la résilience des personnes âgées, leur capacité à trouver des voies d'expression malgré les changements dans leur mémoire et leur mobilité. Le film explore également la manifestation de l'enfance chez les personnes âgées, suggérant que chacun peut accéder à toutes les étapes de sa vie.
L'Importance des Soignants et la Mémoire
Le film met en lumière le rôle crucial et souvent sous-estimé des soignants, soulignant leur intelligence émotionnelle et sociale. Friedland cherche à honorer leur travail et à montrer la complexité des relations de soin, où les rôles peuvent s'inverser. Elle aborde également la question de la mémoire chez les personnes atteintes de démence, expliquant que la mémoire à long terme est souvent mieux préservée. Le personnage de Ruth est ainsi ancré dans ses souvenirs de jeunesse et de féminité, reflétant une génération de femmes qui ont lutté pour leur indépendance.
Un Appel à une Nouvelle Perception
Sarah Friedland espère que "À feu doux" invitera le public à reconsidérer le rôle des aidants et à reconnaître la valeur de leur accompagnement. Elle souhaite également que les spectateurs développent une connexion plus profonde avec leur propre expérience du vieillissement et qu'ils voient les personnes âgées non pas comme des versions diminuées d'elles-mêmes, mais comme des individus dont la vie continue d'avoir du sens et de la continuité.
- Le film est né d'expériences personnelles et professionnelles liées à la démence et au vieillissement.
- Une collaboration unique a été établie avec les résidents d'une maison de retraite pour la réalisation du film.
- "À feu doux" vise à combattre l'âgisme en offrant une vision positive et résiliente de la vieillesse.
- Le rôle des soignants et la nature de la mémoire sont des thèmes centraux du film.
- La réalisatrice souhaite que le public adopte une nouvelle perspective sur le vieillissement et le soin.